Le 30 août 1984, un Boeing 737-200 de la compagnie nationale Camair-Co, s’apprêtant à décoller de l’aéroport international de Douala, a pris feu et a été entièrement détruit. Cet incident tragique a causé la mort de deux passagers et de nombreux blessés graves, dont le commandant de bord et quatre (4) membres d’une famille de nationalité américaine.
Le rapport de la Commission d’enquête mise sur pieds suivant l’arrêté n°185/0855/MINT/AVIA/MTA du 04 avril 1985 du Ministre des Transports du Cameroun, intitule «Investigation Report of the Cameroon Airlines Boeing 737 Registered under TJ-CBD on august 30, 1984 at Douala Airport», Une enquête approfondie a révélé que la cause de cet accident était une défaillance mécanique. La rupture du disque du septième étage du moteur droit a entraîné une série de réactions en chaîne : perforation du réservoir d’aile, écoulement de carburant sur les parties chaudes du moteur, et finalement, un incendie qui a ravagé l’appareil.
Les investigations ont pointé du doigt les constructeurs de l’avion, Boeing et Pratt & Whitney. Un accord transactionnel conclu entre ces deux entreprises et quatre victimes américaines de l’accident, bien que confidentiel, a formellement reconnu leur responsabilité dans la catastrophe. Ce document juridique a confirmé que les défauts de fabrication de l’avion ont été à l’origine de cet accident tragique.
Que d’interrogations
En 2014, l’État du Cameroun et Camair-Co ont assigné Boeing et Pratt & Whitney en justice pour le crash de 1984, imputant aux deux sociétés la responsabilité de cet accident. Après dix années de procédure, le tribunal a donné raison aux plaignants, condamnant les constructeurs aéronautiques pour négligence. Ainsi, près de quarante ans après le drame aérien, la justice camerounaise a enfin rendu son verdict, en condamnant «Boeing et Pratt & Whitney à verser près de 158 milliards de francs CFA à Camair pour le crash de 1984, mettant ainsi fin à une longue bataille judiciaire».
Ces révélations, tirées de la Newsletter n° 07/24 de juillet 2024 du liquidateur de Camair-Co, soulèvent des interrogations troublantes sur la gestion passée de la compagnie aérienne. Comment se fait-il que, pendant toutes ces années, aucun des dirigeants successifs de Camair-Co n’ait jugé utile de se pencher sérieusement sur ce dossier et de réclamer les sommes dues par Boeing et Pratt & Whitney ? Cette somme colossale, plus de deux fois le chiffre d’affaires annuel de Camair (60 milliards FCFA), aurait pu permettre à la compagnie de redresser sa situation financière et d’investir dans de nouveaux équipements.
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